Lire sa bible, la méditer : nos préjugés & nous
Aujourd’hui , partage de reflexions sur Matthieu. Chapitre 1 à 3, Première partie.
Je sais pas si vous connaissez la série The Chosen, mais là en lisant ces chapitres, ça m’ait vraiment venu à l’esprit.
Pour ceux qui ne connaissent, The Chosen, c’est un live action de l’évangile de manière assez fidèle. C’est vraiment très bien fait, et je vous recommande donc cette série. Elle est disponible pour les premières saisons sur Netflix, et en intégralité sur ce site .
Dans cette série, Matthieu est un peu représenté comme un autiste. Un mec avec une intelligence rare, qui ne réfléchit pas comme les autres, qui est très, très mathématique, etc.
Matthieu, dans The Chosen, c'est à la base un collecteur d'impôts. (Écoutez, je ne connais pas le livre de Matthieu, donc je ne sais pas si c'est l'adaptation, ou si c'était vraiment le cas…).
Et, en fait, là pour ces premiers chapitres, ce chapitre-là, qu'est-ce qui se passe ? Tu as la généalogie de Jésus (donc cette façon de commencer son évangile de façon très historique et contextualisée, ça m’a fait penser à The Chosen).
T'as 42 générations avant que Jésus naisse. Waouh. D'Abraham à David, de David à Joseph. Et c'est super intéressant. C'est trop intéressant. En tout cas, moi, j'ai kiffé. Et puis, j'aime bien les petits points historiques, comme c'est un peu de l'explication très ordonnée.
Les “rois” mages
Après la généalogie de Jésus, on a l'épisode des sages. Enfin, là, dans la version Parole de vie de 2017, on les appelait pas les mages, on les appelait « les sages ».
Ça m'a fait sourire de réécouter ça, parce que vu qu'aujourd'hui (au moment ou j’écris), on est le 8 janvier et on a fêté l'épiphanie ce dimanche 6.
Donc, il y a 2-3 jours.
Et, l'épiphanie, c'est la fête des rois mages.
Jour au cours duquel on célèbre, la galette des rois, parce que c'est chouette.
Et dans l'homélie du prêtre, qui était super intéressante, il y a vraiment le fait que quand on nous raconte des histoires depuis qu'on est petit, on a tendance à les prendre pour acquis. Alors qu'en fait, on ne les connaît même pas.
Par exemple, si on s'en tient à la Bible, pour commencer, les « rois mages », ils n'étaient pas rois. Il n'y a aucun moment dans la Bible où on les cite comme étant des rois. Ils ne sont pas trois non plus. On ne sait pas combien ils sont. Pourtant, personnellement, c'est ce dimanche que j'ai su qu'il n'y avait pas trois rois [mages].
Vous voyez ? J'ai toujours été convaincue qu'ils étaient trois. Mais j'ai toujours été convaincue parce qu'on m'a toujours dit qu'ils étaient trois. En fait, ce n'est pas que j'essaye de me dédouaner, mais c'est juste que si, depuis que t'es petit, on te raconte un truc, que ce soit vrai ou faux, tu y crois, tout simplement.
Tu n'as personne qui va te remettre ça en question. L'épiphanie, c'est ce qu'il y a chaque début d’année. Tu as des crèches chaque année. Chaque année, dans la crèche, tu as les trois rois mages. Ils sont trois limite depuis “toujours”. Tu t’habitue à voir quelque chose. Alors tu ne remets pas ça en question. D’autant plus que la mémoire n’est pas fiable.
L'Église catholique, est quand même, l'entité, la mieux organisée au monde. Et je le dis en toute objectivité et limite en admiration. Donc, ça fait que, ils ont vraiment des textes pour chaque jour de l'année qui se lisent à la messe. Et il y a plein de trucs dans l'Église catholique comme textes qui sont aussi organisés que pratiquement personne ne connaît. Et là, je parle des vêpres, des laudes, des complies aussi. Bref!
Où je veux en venir? C'est que, du coup, pour les rois mages, on a lu l'Évangile le dimanche à la messe, et, j’ai bientôt 20 ans donc on va dire à peu près depuis 18 ans chaque année, l'histoire est là et est la meme. Alors lorsque l’épiphanie arrive et que le prêtre lit son évangile, j'écoute, mais en me disant que je connais déjà l'histoire, tu vois.
J'écoute en mode pas attentive. Pas attentive, pas analyse. Parce que j'étais très en mode je connais déjà l'histoire. C'est juste que, inconsciemment, t’as l’impression de connaitre déjà l'histoire, du coup, t'es tout de suite moins attentif. Quand on te raconte une histoire pour la première fois, si l'histoire t'intéresse, en tout cas, t'es forcément plus attentif que lorsque on te raconte l'histoire pour la deuxième, Troisième, quatrième fois.
Quand t'apprends quelque chose de nouveau, t'es forcément plus attentif, en tout cas, si ça t'intéresse, que lorsque tu entends l'histoire pour la centième fois. Bon, à priori, on est tous d'accord là-dessus, je ne sais pas pourquoi je ne fais que répéter ça depuis 5 minutes.
Bref revenons à cette homélie. Quand le prêtre a commencé son homelie, la première question qu'il a posée, c'est : il y a combien de mâges ?
Du coup, je n'ai pas levé ma main pour répondre parce que c'est quelque chose de très gênant mais j'ai fortement pensé 3. Et je l'ai pensé, mais vraiment, comme si c'était évident. Et le truc, c'est que le prêtre a dit que c'est la preuve que, parce que vous pensez connaître l'histoire, vous n'avez pas suivi l'évangile.
Et il a dit qu’à aucun moment, dans l'évangile, on dit qu'ils étaient 3. Et là, c'est le moment où tu te dis, mais wow c'est vrai.
Et tu deviens tout de suite plus attentif au contenu, parce que tu sais que là, tu es en train d'apprendre quelque chose de nouveau.
En presque 20 ans d'existence, je viens juste d'apprendre que les rois mages ne sont pas 3. Et c'est vraiment, j'ai limite envie de vous dire, c'était gros comme une maison. À aucun moment, ils ont dit qu'ils étaient 3.
Et là, le fait d'écouter Matthieu, chapitre 2 qui te parle des mages en te les présentant comme sages, j'étais tout de suite plus attentive.
Il y a tellement de choses à dire dessus et je ne m’étais jamais rendue compte.
D’abord, les mages n’étaient pas croyants. Ils n'étaient pas rois. Ils n'étaient probablement pas juifs. Parce qu'ils ont quitté leur pays quand ils ont vu leur étoile, etc.
Et, comment vous dire que, de la même façon, dont nous, lorsque l'on a écouté l'évangile des mages, on avait déjà tout le film en tête, parce que c'est une histoire qu'on croit connaître, et c'est du lu et du re-lu (Et du coup, on porte la chose comme acquise). De la même façon, je pense que les rois mages, lorsqu'ils sont allés à la rencontre de Jésus (même si à ce moment-là, on va dire qu'ils ne savaient pas encore que c'était Jésus et tout), ils avaient aussi une image pré-définie de ce qui était trouvé un roi. En effet, ce qui est pertinent et hyper intéressant dans le cas des mages, c'est qu'ils étaient tellement convaincus que l'étoile qu'ils voyaient prouvait la présence d'un roi; qu’ils ont pris leur bagage, ils sont allés, ils ont suivi l'étoile, ils sont allés chez Herode, qui était le roi à l'époque.
De façon très caricaturée et toute proportion gardée, ils sont venus voir Herode et ils lui ont dit, en gros : « salut, le roi, il est où? »
Et le truc, c'est que vous ne vous rendez peut-être pas compte (j'ai envie de dire de culot), du niveau de courage et de certitude en soi qu'il faut pour pouvoir aller dire ça au roi.
Hérode, à priori, il est juif (même si je sais qu'il y a un débat sur est-ce qu'il est vraiment juif). Et il a la culture juive, il a le background juif, il connaît donc il sait que ça veut dire que le Messie est venu. Et c'est pour ça que quand les mages vont lui demander « où est le roi ? » Il ne va pas leur répondre en mode 'mais je suis là, famille, je suis le roi'.
Non, il va pas leur dire ça, il va leur dire un truc en mode 'ah, où est le Messie' parce qu'il sait que ça veut dire que le Messie est là, tu vois. Textuellement, Hérode en Matthieu 2:4 répondit aux mages « À quel endroit est-ce que le Messie doit naître ? », au lieu “je suis déjà le roi”.
Retournons sur les mages. Les mages, ils vont partir, et Herode va leur dire : « Oui, quand vous allez le trouver, là, dites-moi où il est, comme ça, moi aussi, à partir de là, de lui. Blablabla. »
Les mages s'en vont donc, ils suivent l'étoile. Normalement, tous les chrétiens savent que l'Église, de façon générale, n'est pas trop pour les histoires d'astrologie, et de croyances en les etoiles et compagnie. Pourtant, les mages ont regardé cette étoile, et c'est passé crème, ils ont même trouvé la position exacte de Jésus.
Ils lui ont offert des présents, qui étaient des présents pour un roi : l’or, de l’encens et de la myrrhe, c'était pour un roi. L’on pourrait analyser le pourquoi de l’or, de l’encens et de la myrrhe mais c’est pas le sujet en soit.
Et c'est justement parce qu'il y avait trois cadeaux que l'on a conclu, que bah, il y avait trois rois mages, comme ça, chacun apporte un cadeau, et puis basta.
Il faut se dire que de la même façon dont ils avaient leur image prédéfinie de ce qu'était un roi, quand ils ont vu bébé Jésus couché dans sa mangeoire, ils devaient être choqués, mais suffisamment confiants pour ne pas se retourner sans rien faire.
Tout en sachant que bébé Jésus, à priori, l’or, l’encens, et la myrrhe c’est pas le type de cadeaux dont il a besoin à ce moment là en tant que bébé.